Le monde de Maglio Mona-Lisa, directrice artistique de Temps Danses Urbaines asbl, et metteur en scène du « Monde Fantastique de Charlyking »

« Le monde fantastique de Charlyking » c’est une histoire qui dans le fond commence il y a 20 ans, lorsque que je cherche à m’épanouir par la danse mais autrement que par celle qu’on veut m’imposer dans le monde classique. « Le monde Fantastique de Charlyking », c’est quand à 14 ans, je rencontre une bande de gamins des rues du centre-ville et à l’origine de Charlyking, dont Rachid, qui à l’époque dansent dans un garage à l’Avenue de L’Europe et de temps en temps dans des locaux inadaptés à leur besoin (chose qui 20 ans plus tard n’a pas évolué) Le monde Fantastique de Charlyking c’est quand je découvre que ces gamins sont des « gentils » alors qu’on aurait pu croire le contraire, qu’ils dansent, graffent, rappent, créent de la musique, qu’ils ont la tête plein de rêves … rêves brisés ou mis de côté par la force des choses et les difficultés de la vie, …

J’ai la chance de conquérir le cœur de celui qui semble le plus sombre, le plus rebelle, le plus révolté mais aussi le plus passionné et passionnant ! Son histoire rejoint la mienne, n’ayons pas peur de mots, une enfance brisée par les problèmes des grands ! Comme beaucoup d’ados, nous sommes désorientés et à la recherche d’une voie à suivre. La danse nous unit, et nous donne un projet de vie, elle nous construit !

De fils en aiguilles, d’expériences en expériences, on comprend que la danse mais la culture urbaine en général est outil qui peut sauver ! Une voie d’expression et de créativité sans limite si ce n’est celle que la société va nous imposer … En 2006, on crée Temps Danses Urbaines, on veut se consacrer à 1000% à cet univers alternatif, on veut en vivre et on veut transmettre notre passion ! On n’a pas la prétention de dire qu’on sauve des vies ! On veut ouvrir les portes de cette culture, on veut en parler, on veut la faire découvrir et permettre à ceux qui voudront de vivre une tranche de vie, la plus longue possible, qui donnera des outils, des clés, des moments de réflexion et qui contribueront à la construction de notre jeunesse.

Le chemin est difficile, l’environnement aussi, … aujourd’hui même si les choses évoluent doucement, il nous reste encore beaucoup à accomplir pour aller au bout du projet !

En 2014, je ressens le besoin d’aller plus loin dans l’idée des spectacles. Si les spectacles de fin d’année qu’on propose avec l’ensemble des participants sont une étape importante, une porte d’entrée au monde de la scène, une fête, un rassemblement, une démonstration des apprentissages,… si certains jeunes débutent, ne font que passer ou restent à notre côté depuis 10 ans, … je ressens le besoin de franchir une étape et proposer à ceux qui le souhaitent des nouveaux challenges.

Mon challenge : dois-je limiter le talent et la passion de mes élèves parce que notre société décide que la danse, de plus urbaine, n’est pas un métier ou un réseau valable dans son authenticité ? Ou parce que certains réseaux conservateurs ne souhaitent pas s’y intéresser dans sa plus pure expression ? Ou parce que les « vrais » spectacles sont réservés aux « professionnels » ?

Ma réponse est NON. J’ai la tête dure et je défoncerai les portes pour prouver que la danse urbaine pour les jeunes peut être plus qu’une occupation ou un business, que la réussite ne s’associe pas à la participation dans un clip, une émission ou au nombre de vues sur youtube …. Non la danse urbaine ce n’est pas le Buzz du moment, un phénomène de mode ! C’est une histoire, une culture, des valeurs, des alternatives positives aux problèmes des jeunes !

Chacun vivra la danse comme il en a envie.  Un peu ? Beaucoup ? Passionnément ? À l’infini ?

Mais peu importe le laps de temps où un jeune touche la danse, … Mon objectif est de lui laisser une trace indélébile et j’espère positive qui peut-être un jour sans même le savoir pourra lui servir dans sa vie de tous les jours …

Bref « Le monde fantastique de Charlyking » au-delà de la danse, des techniques, du scénario,  c’est peut-être tout simplement, mon monde meilleur à moi, celui d’un pays au-delà des clichés ….

Maglio Mona-Lisa